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Espagne : L'insoluble casse-tête de Sánchez pour conserver le pouvoir

Près de 4 mois après les élections qui avaient semé le trouble en Espagne, en ne dégageant aucune majorité, Pedro Sánchez, actuel Premier Ministre socialiste, devrait être reconduit dans ses fonctions. Mais c'est au prix de nombreuses tractations et de quelques sacrifices que Sánchez a pu obtenir le soutien indispensable des indépendantistes catalans, quitte à laisser une société espagnole déchirée sur les méthodes employées par son dirigeant. Contexte.


Le Républicain Lorrain

En parvenant à se maintenir au pouvoir, Pedro Sánchez a réussi à fair mentir les sondages, mais il n'en est pas à son premier coup de poker politique.


 

Sánchez, un homme politique coriace


Cette fois, il était censé tout perdre. Il aura finalement tout gagné. C'est en juillet dernier, suite au revers cinglant de son parti aux élections régionales et municipales que Sánchez convoque le peuple espagnol aux urnes, pour que se tienne de nouvelles élections générales, afin d'avoir une chance de se maintenir au pouvoir. A ce moment, la pari s'avérait risqué, en sachant que la droite (Parti Populaire) dominait les sondages et était en mesure de décrocher la majorité absolu avec le soutien du parti d'extrême droite Vox.


Même si la tâche s'annonçait ardu, le parcours de l'homme politique de 51 ans montre un certain sens de la survie politique, en parvenant à se faire réélire une deuxième fois Secrétaire général du PSOE, malgré le fait qu'il avait été délogé de son poste huit mois plus tôt, et en destituant sur un coup de poker son prédécesseur Mariano Rajoy pour lui succéder en 2018.


Cela n'empêche pas que la surprise soit justifiée le soir des résultats ce 23 juillet, car la victoire attendu de la droite ne lui permet pas d'obtenir la majorité absolue, même avec le soutien de l'extrême droite. Les socialistes parviennent même à améliorer légèrement leur score par rapport aux précédentes élections de 2019.


Cependant, si la droite est en mauvaise posture pour obtenir la majorité absolue, la gauche l'est tout autant, car le soutien de petits partis indépendantistes devient une condition sine qua non pour qu'elle puisse garder le pouvoir. Toutes les tensions vont se cristalliser autour de deux partis catalans, l'ERC à gauche et Junts à droite (le parti du très controversé Carles Puigdemont), qui réclament l'amnistie des indépendantistes catalans à l'origine de la grave crise politique de 2017 en Espagne. Mais si Sanchez a récemment annoncé leur accorder cette faveur, ce qui devrait lui permettre d'être reconduit, cela a soulevé une levée de boucliers de la droite et de l'extrême droite notamment.


Corse Matin

Des manifestants s'opposant à l'amnistie des indépendantistes catalans avec, au centre, le Président du Parti Populaire Alberto Núñez Feijóo.


 

Une violente opposition


Depuis l'annonce de Sánchez de mettre en place cette loi, les manifestations se multiplient partout en Espagne, souvent à l'appel du Parti Populaire et de Vox, qui voient comme une trahison le rapprochement du gouvernement avec les indépendantistes. Alberto Núñez Feijóo, en tête lors des législatives de juillet, a par ailleurs déclaré :

"Ils ne vont pas nous faire taire."

De nombreux rassemblements ont été organisé devant les sièges du PSOE partout en Espagne, dont certains ont dégénérés en affrontement entre militants radicaux d'extrême droite et forces de l'ordre. L'opposition à la loi d'amnistie déchire même les socialistes eux même, montrant, là encore, la discorde des espagnols sur cette question. Cependant, Sanchez a tenu à exhorter l'opposition de droite à "accepter le résultat des urnes et la légitimité du gouvernement que nous allons bientôt former". Reste à voir si la colère de la droite fera finalement reculer Sánchez, même si cette option reste très peu probable.

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