Près d'un an et demi après sa création, pour les élections législatives de 2022, l'alliance entre les différents partis de la gauche française semble avoir été enterré par ses dirigeants. Pourtant, l'histoire aura montrer que l'union a souvent fait la force de la gauche en France. Comment va-t-elle pouvoir se réunir à nouveau ? Et surtout, dans quelles conditions ?
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De gauche à droite, les principaux dirigeants de la NUPES : Manuel Bompard, coordinateur général de LFI, Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, Marine Tondelier, secrétaire nationale d'EELV et Olivier Faure, Premier secrétaire du PS.
L'histoire d'une chute
C'est un "point de non-retour" selon Jean-Luc Mélenchon. Le PS a acté, lors d'un moratoire le 17 octobre dernier, sa suspension à sa participation de l'intergroupe de la NUPES. Deux jours plus tôt, le PCF adoptait un texte qualifiant l'alliance "d'impasse" et appelait "à un nouveau type d'union". La fin n'a jamais semblé aussi proche pour la coalition qui n'a cessé de se diviser sur certaines questions depuis les législatives de 2022 (qui avaient envoyées 151 députés à l'Assemblée sous les bannières de la NUPES), avec, à chaque fois, les insoumis au centre des préoccupations.
D'abord, il y avait eu l'affaire Quatennens fin 2022, dans laquelle le député insoumis, membre de la direction de LFI à l'époque, avait été exclu 4 mois de son groupe à la suite du dépôt de deux mains courantes et d'une plainte par sa femme pour violences conjugales. La décision avait été jugée pas assez sévère par les autres membres de la coalition, qui réclamaient plutôt la démission du député et son exclusion de LFI.
Puis, il y avait eu l'épisode de la réforme des retraites, durant lequel les députés insoumis avaient été vivement critiqués, y compris au sein de l'alliance, pour leur obstruction qui avait empêché l'examen du fameux article 7, qui prévoyait le recul de l'âge légal de la retraite de 62 à 64 ans.
Les émeutes urbaines du mois de juin avaient aussi contribué au climat de tensions entre les autres membres de l'alliance et les insoumis, ces derniers ayant créé la polémique en refusant d'appeler au calme, Jean-Luc Mélenchon en tête.
Enfin, le dernier clou dans le cercueil restera la position de LFI sur le Hamas, que plusieurs membres refuseront de qualifier "d'organisation terroriste". Mélenchon n'a pas manqué de fustiger la décision de ses alliés de prendre leurs distances avec la NUPES, mais selon Faure , si ce dernier "a été un facteur d'union, aujourd'hui, il est devenu un obstacle".
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Jean-Luc Mélenchon n'a pas manqué de diviser à gauche ces derniers temps, notamment à cause de ses tweets virulents, comme celui qu'il a adressé contre Yaël Braun-Pivet, présidente de l'Assemblée nationale.
La gauche parviendra-t-elle à se réunir rapidement ?
Pourtant, et même si la NUPES semble en bien mauvaise posture, certains députés continuent d'œuvrer pour préserver l'alliance. En effet, à l'Assemblée, les groupes de gauche n'ont pas abandonner leurs travaux communs, comme semble l'affirmer le député socialiste de l'Essonne Jérôme Guedj :
"On travaille ensemble."
Du côté des écologistes, ces derniers ont assuré qu'ils signeraient la prochaine motion de censure de la gauche contre le gouvernement d'Élisabeth Borne. Chez les insoumis, Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI à l'Assemblée, a tenu à nuancer les propos de Mélenchon : "Jean-Luc Mélenchon ne dit pas qu'il y a point de non-retour sur le fait qu'on souhaiterait enterrer la NUPES, ce n'est pas vrai".
Mais même si la NUPES venait effectivement à disparaitre dans les prochaines semaines, cala ne signerait pas forcément la disparition de l'union de la gauche de manière générale. Comme mentionné plus tôt, les communistes se positionnent déjà en faveur d'un nouveau type d'union. La secrétaire nationale des écologistes Marine Tondelier semble aussi aller dans ce sens : "Si à un moment il faut que ça s'appelle autrement, cela restera l'union de la gauche et des écologistes, sous un nom ou sous un autre".
"Nous sommes majoritaires à avoir envie que ça se passe bien, que ça s'appelle NUPES où pas."
Du côté des antis-NUPES, majoritairement socialistes, une union de la gauche est aussi possible, à la condition notable que les insoumis n'y soient pas conviés. Cependant, il risque d'être compliqué de mettre sur pied une alliance de gauche sans la formation qui a obtenu, et de loin, le meilleur score à la présidentielle de 2022, Mélenchon ayant comptabiliser 22% des voix, contre moins de 5% pour les autres candidats de gauche, comme aime le rappeler les proches du leader insoumis. Certains aiment tout de même souligner le fait qu'une union sans les insoumis reste possible, en invoquant en exemple les élections municipales durant lesquelles la gauche réunis sans LFI a pu conquérir certaines villes, comme Marseille. Il risque tout de même d'être difficile pour les forces de gauche de remporter des victoires importantes si elles ne parviennent pas à s'unir entièrement, tout le monde ayant en tête les présidentielles de 2027 où, pour l'instant, Marine Le Pen fait office de favorite.
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François Ruffin, député frondeur au sein de LFI, est l'un des favoris à gauche en vue de la présidentielle de 2027.
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